Une fois n’est pas coutume, le but de cet éclairage n’est pas de simplifier un concept mais d’éclairer sur la complexité de son usage.
Patrick Artus donne la définition suivante : « les politiques non conventionnelles consistent à ne pas passer par la liquidité bancaire et le crédit bancaire comme mécanisme de transmission de la politique monétaire » (Natixis Special report 2009 n°28). Autrement dit, il s’agirait de contourner les banques commerciales, en agissant par des prêts directs (ou garanties) envers les emprunteurs du secteur privé. La « Commercial Paper Funding Facility » de la FeD entre 2008 et 2010[1]en est un exemple parfait.
Borio et Disyatat (2009) emploient ce terme dans un sens plus large, en distinguant la politique de taux d’intérêt de la politique ‘bilantielle’. Cette dernière s’inscrit, d’après leur définition, dans un objectif « d’utilisation active du bilan pour affecter directement les prix et les conditions de marché au-delà du taux d’intérêt à court terme ». Selon ces auteurs, c’est la particularité du segment de marché choisi par la banque centrale dans le cadre de son intervention qui va rendre la politique bilantielle non conventionnelle[2]. Le quantitative easing, en affectant les taux d’intérêts sur les bons du Trésor à long terme, est certainement l’exemple le plus pertinent.
Une définition plus large, généralement employée par les économistes, inclue également les mesures visant à orienter les anticipations des agents privés concernant la trajectoire future des taux directeurs (ce qu’on appelle communément la « forward guidance »).
Quel point commun entre ces définitions ? La définition donnée par Patrick Artus est en fait englobée dans la deuxième présentée ici. En fait, certains (comme patrick Artus ici) appliquent l’adjectif « non conventionnel » aux canaux de transmissions de la politique monétaire considérée, alors que d’autres l’emploient en référence à l’esprit de la politique monétaire (contraire à ce qui se fait en temps normal).
Julien P.
Notes:
[1] La FeD a acheté des billets de trésorerie directement à certaines entreprises sous ce programme
[2] Cette précision est importante dans la mesure où toutes les politiques bilantielles ne sont pas non conventionnelles, une illustration étant les interventions de change
Référence:
Borio et Disyatat (2009), Unconventional Monetary Policy: an appraisal, Bank of International Settlements n°292