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Banques centrales: assouplissement, environnement, politisation (Policy Brief)

BSI Economics a organisé le 30 juillet une rencontre pour échanger sur l’évolution des politiques monétaires des banques centrales. Cet entretien a réuni un chef économiste d’une agence de notation européenne, un économiste senior spécialisé sur l’Europe pour une agence de notation américaine, un manager d’une entreprise américaine de conseil en stratégie, un économiste universitaire évoluant aux États-Unis et un chef économiste d’une banque privée suisse.

 

1) Les banques centrales assouplissent leur politique monétaire.

La BCE a rendu son objectif d’inflation symétrique, a soutenu les attentes de baisse de son taux de dépôt de 10 point de base en septembre et a évoqué la possibilité de nouveaux rachats nets d’actifs. Au niveau actuel, et sans répercussion du taux négatif sur les dépôts des clients, le taux de dépôt n’a pas d’effet sur l’épargne des ménages en zone euro tandis que les entreprises demeurent sensibles à la baisse des conditions économiques et financières. Ces deux éléments soutiennent la faisabilité d’une politique monétaire plus accommodante en zone euro.

 

Deux questions se sont posées :

(i) la possibilité par la BCE de supprimer les conditions sur les clauses d’actions collectives pour élargir ses possibilités d’achats sur les dettes souveraines – cette annonce précéderait celle des rachats nets d’actifs en fin d’année,

(ii) la possibilité d’acheter de nouveaux actifs financiers tels que les ETFs. Sur ce dernier point, il a été précisé que l’expérience japonaise n’est pas entièrement concluante. En effet, la BoJ est devenue, par l’intermédiaire des ETF, un détenteur majeur d’actions sans pour autant avoir de forts impacts sur le prix des actions ou les décisions d’investissement des entreprises. Cela tient notamment au fait que, dans un univers de taux proches de zéro, le recours au financement par actions apparaît moins pertinent que le recours au financement obligataire, notamment pour les entreprises en bonne santé financière ou pour les projets les plus solides, qui trouvent à se financer sur les marchés obligataires avec une prime de risque réduite. Par ailleurs, les impacts sur le taux d’actualisation (proche de zéro) avaient déjà été pris en compte. A contrario, les évolutions du marché japonais dépendent également de l’évolution du taux de change du Yen, qui a connu des évolutions contraires en raison des annonces d’assouplissement de la BoJ. In fine, s’il est difficile d’évaluer les effets ex ante, il est certain que l’effet final dépendrait de la taille et des conditions opérationnelles d’une éventuelle mise en oeuvre d’un programme d’achats d’actions par la BCE.

 

2) Les banques centrales doivent structurellement s’interroger sur la pertinence d’accompagner la transition énergétique. L’accord de Paris en 2015 a engagé les Etats à financer cette transition et à rendre compatibles ces impératifs de développement vert avec les flux financiers. A long-terme, les rachats nets d’actifs pourraient porter sur des produits de type Green Bonds, à ce stade encore peu liquides mais qui seront accessibles à moyen long termes.

 

3) De ce fait, la politisation croissante des banquiers centraux est une vue partagée par les intervenants. Des divergences d’opinions sont apparues : (i) sur l’intérêt du retour d’une politique mixte assumée au niveau européen. Cela pourrait par exemple se traduire par une collaboration entre la BEI qui émettrait des obligations et la BCE qui les rachèterait dans le cadre de rachats nets d’actifs. (ii) sur l’indépendance de la banque centrale qui persisterait mais qui serait instrumentalisée différemment par les politiques pour obtenir des conditions financières favorables aux dépenses budgétaires structurelles des États, avec une évolution potentielle du mandat des institutions monétaires.