Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Changement climatique et guerre en Ukraine : quel avenir pour le secteur énergétique ? (Note)

 

 

DISCLAIMER : Les opinions exprimées par l’auteur sont personnelles et ne reflètent en aucun cas celles de l’institution qui l’emploie.

Résumé :

  • Le secteur de l’énergie joue un rôle clef dans le changement climatique.
  • Du fait des sanctions attendues ou en cours, l’approvisionnement du secteur de l’énergie est affecté par la crise en Ukraine.
  • Sur le court-terme, la diversification des approvisionnements et l’utilisation des stocks sont des moyens privilégiés pour assurer la continuité de la production et de la consommation des ménages.
  • Cette crise rappelle l’urgence d’implémenter des mesures de long terme qui permettront de limiter le changement climatique, tels que la réduction des émissions de CO2 liées à la production d’énergie grâce au développement des énergies solaires et éoliennes.

  Utilité de l’article : Le secteur de l’énergie est en première ligne dans la crise internationale provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ainsi que dans la crise climatique. Cet article se penche sur la dépendance des mix énergétiques français et européen vis-à-vis de la Russie d’une part et sur les besoins structurels d’adaptation du secteur énergétique pour lutter contre le changement climatique d’autre part. Il en résulte des interactions fortes entre ces deux crises et différentes solutions permettant de s’attaquer simultanément à ces deux problèmes sont présentées.


Les accords internationaux sur le climat exigent une transition rapide vers un système énergétique climatiquement neutre. Le secteur de l’énergie est au cœur de ce débat. Une telle urgence chevauche la situation actuelle de guerre en Ukraine, qui a affecté les chaînes d’approvisionnement de la production d’énergie en Europe et dans d’autres pays du fait des interconnexions liées à la mondialisation.

Alors que les projections faites pour anticiper le changement climatique invitent à une mutation du mix énergétique actuel, les événements récents peuvent remettre en question l’utilisation même des sources d’énergie fossiles. Comment ces deux crises interagissent-elles ? Quelles sont les solutions à court et à long terme ?

Cet article tente de répondre ou, du moins, d’apporter une réflexion sur ces questions. La première partie introduit les projections actuelles en termes de schémas d’émissions, soulignant que celles du secteur de l’énergie devraient être adaptées pour atténuer le changement climatique. La deuxième partie montre l’imbrication du secteur énergétique entre la Russie, l’Europe et la France. La troisième partie traite des actions actuellement entreprises et débattues à la suite de la crise énergétique et des conséquences prévues pour les producteurs et les consommateurs. Enfin, la dernière partie est consacrée aux initiatives de long terme qui pourraient être mises en place pour lutter contre le changement climatique mais aussi pour répondre à une future crise énergétique.

 

 

1. Energie et changement climatique : Un regard sur les projections futures

La lutte contre le changement climatique est l’un des défis les plus importants des décennies actuelles et à venir. Le dernier rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) souligne que limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C par rapport à la période préindustrielle (1850-1900), suivant l’accord de Paris (2015), d’ici la fin du siècle est toujours possible mais nécessite des changements radicaux. Par exemple, pour atteindre des émissions nettes nulles d’ici 2050 environ, les émissions anthropiques nettes mondiales de CO2doivent diminuer d’environ 45 % par rapport au niveau de 2010 d’ici 2030 (CCNUCC, 2021).

Les voies alternatives proposées vont de la modernisation des secteurs de l’énergie et de l’agriculture à une politique de diminution intentionnelle du PIB et des émissions de gaz à effet serre (GES)[1]. D’autres mesures sont aussi proposées, telles que le développement des énergies renouvelables, le changement de combustible ou encore les gains d’efficacité énergétique. Le secteur énergétique a certainement un rôle clé à jouer pour atteindre les objectifs de réductions d’émissions de CO2 et lutter contre le changement climatique.

En effet, d’après l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), la production d’électricité est un des secteurs les plus polluants, d’autant plus que la part de l’électricité dans la consommation finale mondiale d’énergie n’a cessé d’augmenter au cours des dernières décennies et s’élève désormais à 20 % (AIE, 2021). Comme le montre le graphique 1, une part importante des émissions de CO2 provient de la production d’électricité, puis de l’industrie, des transports, du bâtiment, etc.

 

Graphique 1 : Projections des émissions de CO2 au niveau global liées à la production d’énergie et aux procédés industriels par secteur en considérant les politiques actuelles en place (en Gt CO2)[2]

Source : AIE, 2021

 

Afin d’atteindre la cible de zéro émission nette en 2050[3], des projections de l’AIE suggèrent que le secteur de la production d’électricité devrait être décarboné et la part des énergies renouvelables devrait augmenter de manière significative, en particulier pour le solaire et l’éolien (graphique 2). En effet, dans ce scénario les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire remplaceraient la majeure partie de l’utilisation des combustibles fossiles (en particulier le charbon et le pétrole), si bien que la part des combustibles fossiles passeraient de 80 % en 2020 à près de 20 % en 2050.

 

Graphique 2 : Approvisionnement énergétique dans le scénario de zéro émission nette en 2050

 

 

Source : AIE, 2021

 

Compte tenu de l’urgence de réagir au changement climatique, une transformation du secteur énergétique et une coopération internationale sont souhaitables. La situation actuelle en Ukraine a attiré l’attention sur les liens commerciaux avec la Russie concernant le gaz naturel et le pétrole. Quelle est la dépendance de l’UE et en particulier de la France vis-à-vis du pétrole et du gaz de la Russie et quels sont les éventuels effets attendus suite aux sanctions ? En quoi cela est-il susceptible d’affecter la lutte contre le changement climatique ?

 

2. Le commerce avec la Russie en matière énergétique

Bien que l’UE ait réduit sa consommation de combustibles fossiles solides par trois entre 1990 et 2020, l’utilisation du gaz et du pétrole (en particulier russe) comme sources principales d’énergie perdure, avec des différences notables entre pays européens. Suite au déclenchement de la guerre en Ukraine, de nombreux pays ont imposé un ensemble de sanctions économiques coordonnées envers la Russie, affectant directement et indirectement les chaînes d’approvisionnement, y compris celles du secteur de l’énergie[4]. Or, les liens commerciaux en termes d’énergie rendent la France et l’Union Européenne en partie dépendantes du gaz et du pétrole russes ; deux sources d’énergie dont l’objectif de décarbonisation de l’économie impose de se passer à moyen-terme. Quelques chiffres sont utiles pour comprendre les liens commerciaux en termes de gaz et de pétrole avec la Russie.

La Russie est le plus grand exportateur de pétrole au monde avec environ 8 % de l’approvisionnement mondial. L’Union Européenne (UE) est le plus grand acheteur de pétrole russe. Ce combustible représente 36 % du mix énergétique de l’Union Européenne, avec 27 % des importations de pétrole brut provenant de la Russie. La situation est similaire en ce qui concerne le gaz naturel. D’après l’institut Bruegel, 38 % des importations de l’UE provenaient de la Russie, avec l’Allemagne et l’Italie comme principaux importateurs en 2021.

La dépendance vis-à-vis du pétrole et du gaz russes n’est pas nécessairement aussi forte dans l’ensemble des pays européens. Le graphique3 montre qu’en 2021 la consommation d’énergie primaire en France reposait principalement sur le nucléaire (40%), suivi par le pétrole (28%) et le gaz naturel (16%)[5]. De plus, pour ce dernier, la Russie n’assure qu’environ 20 % de la consommation française[6]. D’autre pays sont dans une situation proche : en Espagne, l’essentiel du gaz importé provient d’Algérie, des Etats-Unis et du Qatar, tandis que le Royaume-Uni bénéficie toujours de capacité importante de production domestique grâce aux champs de la mer du Nord et l’essentiel de ses importations proviennent de Norvège et des Etats-Unis.

 

Graphique 3 : Bouquet énergétique en France en 2020

 

Source : Ministère de la Transition écologique

 

La situation actuelle force à trouver rapidement des moyens de remplacer, de diversifier ou de modifier certains modes de production de l’énergie. De plus, cela renforce la crédibilité des mesures immédiates demandées par plusieurs comités scientifiques afin d’infléchir la trajectoire actuelle du réchauffement climatique.

Cependant, les conséquences de la diversification des sources d’énergies à court et à long terme diffèrent. Si sur le long terme la crise peut donner un élan supplémentaire pour accélérer la transition écologique et énergétique par le moyen d’une dépendance réduite aux combustibles fossiles, à court terme, trouver des solutions de remplacement au gaz et au pétrole risque de se faire aux dépends de la lutte contre le réchauffement climatique.

 

3.  Des difficultés à court terme…

Bien qu’en France, la transition vers une production d’énergie faiblement émettrice de carbone s’est réalisée au profit du nucléaire sur les dernières décennies, dans plusieurs pays européens (Allemagne et Italie par exemple) c’est l’utilisation du gaz dans le mix énergétique – en complément des énergies renouvelables – qui a rempli ce rôle. En effet, la production d’électricité par le gaz naturel est moins fortement émettrice de CO2 que l’utilisation de charbon ou de pétrole et permet une flexibilité que les énergies renouvelables, intermittentes par nature car dépendantes des conditions météorologiques, n’ont pas. 

Ainsi sur le court terme, la crise actuelle facilite la renonciation au pétrole du fait de l’augmentation des prix et le désinvestissement dans le secteur (à l’aide des sanctions économiques). Toutefois, elle soulève la question de l’approvisionnement en gaz, jusqu’à présent utilisé par certains pays pour remplacer le pétrole[7]. Ainsi, les pays fortement dépendants du gaz russe peuvent, à court terme, envisager un report de la mise hors fonction de leurs centrales à charbon et à pétrole, qui était déjà programmée, voire la réouverture de celles qui sont déjà fermées. La stratégie de décarbonisation du secteur électrique se trouve fragilisée dans bien des pays.

Pour éviter d’en arriver là, la diversification des approvisionnements est nécessaire. L’UE vise par exemple à attirer le plus possible de gaz naturel liquéfié (GNL) destiné à l’Asie vers l’Europe[8] en engageant des négociations avec les principaux pays producteurs de GNL comme la Norvège, les États-Unis, le Qatar ou l’Algérie. Les Etats-Unis prévoient de livrer au moins 15 milliards de mètres cubes de GNL à l’Europe. Sur le court terme, les prix risquent d’augmenter fortement, la demande étant à ce stade plus importante que l’offre. S’aligner sur le prix de référence du marché intérieur américain, inférieur aux cours mondiaux pourrait faire partie des négociations. Cela dit, l’AIE estime qu’à court terme, le gaz naturel liquéfié (GNL) ne pourrait compenser qu’entre 10 et 15 % des importations russes de gaz naturel vers l’Europe.Par ailleurs, l’Europe manque encore d’infrastructures pour le GNL et celles qui existent sont inégalement réparties (7 terminaux en Espagne, 0 en Allemagne). Une solution envisagée enFrance pour réagir rapidement est l’installation de terminaux méthaniers flottants, sorte d’immenses navires capables de ramener le gaz liquide à son état gazeux et de l’injecter dans le réseau[9].

Au-delà du simple signal envoyé par la hausse brutale des prix ces dernières semaines, se pose la question de l’introduction des taxes supplémentaires et d’un embargo au niveau de l’UE au gaz et pétrole provenant de la Russie. Sur VoxEU, les économistes Chaney, Gollier, Philippon et Portes proposent entre autres de cesser complètement d’importer le pétrole russe et d’imposer une taxe sur les importations de gaz russe. Certes, cela rend nécessaire de trouver d’autres fournisseurs de pétrole ou bien des substituts proches, mais il s’agit d’une tache plus aisée que la diversification de l’approvisionnement en gaz.  Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a déclaré que malgré l’absence de proposition finale d’embargo sur le pétrole et le gaz sur la table, les États membres de l’Union européenne envisagent la réduction progressive des importations de gaz et de pétrole. Le 4 mai, la présidente de la Commission européenne a annoncé des propositions pour un sixième paquet de sanctions contre la Russie. Les mesures ne sont pas encore en vigueur et seront soumises à l’approbation des États membres. 

Beqaa et al. (2022) simulent les effets sur l’économie d’un embargo sur les importations d’énergie (gaz et pétrole) et les effets d’une taxe de 40 % et trouvent que cette dernière réduirait les pertes économiques par rapport à un embargo, notamment pour les pays les plus dépendants des approvisionnements russes (Lituanie, Bulgarie…). L’impact d’un embargo sur l’économie française serait faible, avec une baisse d’environ 0,15 à 0,3 % du revenu national brut (RNB) et plus significatif pour l’Allemagne qui perdrait entre 0,3 % et 3 % de son RNB dans les scénarios les plus pessimistes, et les résultats s’avèrent assez similaires dans le reste de l’UE, avec une forte hétérogénéité. L’impact général faible à court terme est dû au fait que les agents économiques peuvent substituer, même très partiellement, des sources d’énergie, des biens intermédiaires et finaux à d’autres. Des travaux montrent que cette possibilité de substitution existe bien dans le cas des ressources énergétiques venant de Russie (Langot et Tripier, 2022, Bachmann et al. 2022a, 2022b).

La pénurie de carburant ou de gaz naturel ainsi que leur renchérissement sont deux conséquences anticipées de ces politiques pour les producteurs comme les consommateurs et pouvant empêcher leur mise en place. Des projections en équilibre général de l’OMC montrent que les effets directs de la crise et des sanctions connexes pourraient réduire la croissance du PIB mondial jusqu’à 0,7 point de pourcentage (p.p.) en 2022. Elles pourraient même atteindre 1,3 p.p. une fois pris notamment en compte l’inflation[10].

De plus, les effets de la hausse des prix du pétrole, du gaz et donc de l’électricité sont proportionnellement plus importants pour les ménages à faible revenu et ceux dépendants fortement de la voiture individuelle comme moyen de transport. D’après Gollier et al. (2022), maintenir le signal prix et la réduction de la demande qu’il entraîne sans accroître les inégalités sociales nécessite des transferts fiscaux temporaires aux ménages à faible revenu. Plusieurs mesures ont été mises en place en Europe pour limiter les effets de la hausse des cours de ces matières premières : baisse de la TVA en Italie, subvention de l’essence en France. Une alternative proposée par le gouvernement américain serait de créer un cartel des consommateurs de pétrole et de gaz naturel permettant de mieux négocier les prix d’achats. Cela aiderait à limiter la hausse des cours mondiaux et des prix s’adressant aux consommateurs tout en permettant de se fournir auprès d’autres pays que la Russie.

 

4. …qui amènent vers une opportunité pour le climat à long terme

Réduire fortement les importations russes d’énergies fossiles semble être une pièce à double face. D’unepart, dépendre majoritairement des biens énergétiques d’un seul fournisseur est risqué ; la diversification de l’approvisionnement est souhaitable, même si cela vient avec un coût plus élevé pour les consommateurs et pour l’environnement. D’autre part, l’impératif de décarbonisation des économies européennes nécessite de réduire fortement la dépendance aux énergies fossiles pour la production électrique et comme source d’énergie dans l’industrie.

En renforçant les contraintes liées à l’utilisation du gaz et du pétrole, cette crise est de fait une opportunité pour accélérer la transition énergétique. Par exemple, incitée par le contexte actuel, l’Union Européenne a lancé une nouvelle stratégie énergétique, REPowerEU. L’objectif est de réduire de près des deux tiers les importations de gaz de l’UE en provenance de Russie d’ici la fin de 2022 et de rendre l’Europe indépendante de tous les combustibles fossiles russes bien avant 2030, ce qui pourrait ouvrir la route vers des énergies plus propres[11].

Pour répondre à la crise actuelle avec le gaz et le pétrole russe, l’AIE suggère plusieurs mesures[12].Sur le long terme, lerecours à l’énergie solaire et l’utilisation des éoliennes est une des principales pistes envisagées pour la décarbonisation du secteur énergétique. Cela dit, comme indiqué par Astier et al. (2021) qui donnent des éléments pour la France, il faudrait des capacités importantes de stockage de ces énergies, ce qui demande de nouveaux investissements dans cette direction.

L’abstinence énergétique pourrait aider à faire face à une crise énergétique, mais ce type de stratégie risque de favoriser les inégalités sociales et l’instabilité politique (Paillard, 2011). De plus, les effets du réchauffement climatique vont augmenter les températures dans des zones plus chaudes, ce qui va impliquer une utilisation plus forte de l’électricité dans les années à venir comme montré par Mansur et al. (2007) pour le cas des Etats-Unis à horizon 2050.

D’après le FMI, les prix plus élevés que prévu, en raison de la guerre, peuvent inciter les ménages et les entreprises à ajuster leur comportement de consommation. À court terme, cependant, la demande de pétrole et de pétrole produits tels que l’essence et le diesel est inélastique aux prix (Dahl 2012). Cela signifie qu’il serait peu probable que la demande baisse de manière significative sans augmentation beaucoup plus importante des prix.Cependant, la plupart des politiques gouvernementales jusqu’à présent consistent à la réduction d’impôts et de subventions aux carburants, en particulier pour l’essence (IEA 2022). De telles mesures peuvent augmenter réellement la demande du pétrole brut et autres produits pétroliers contribuant à l’accélération du changement climatique. Il y a donc ici un conflit entre l’objectif social et l’objectif environnemental.

Dans le contexte européen, à moyen et long terme, se passer du gaz russe pourraient avoir un coût modeste pour l’économie, entraînant des co-bénéfices environnementaux substantiels grâce à la réduction des émissions de CO2 et de polluants atmosphériques. D’après Chepeliev et al. (2022), ces coûts d’atténuation sont comparables – et probablement inférieurs – à de nouvelles augmentations de la tarification du carbone dans le cadre du système européen d’échange de quotas d’émission (ETS). Finalement, la lutte contre le changement climatique n’est pas une cause régionale, mais globale, et la réponse européenne pourrait donner lieu à de l’émulation dans le reste du monde.

 

Conclusion

La crise actuelle en Ukraine constitue un choc important pour le secteur de l’énergie. Sur le court terme les pays semblent opter pour une diversification des fournisseurs dans la mesure du possible, ainsi que des produits énergétiques. Cela dit, une augmentation des prix de ces derniers en résulteraient. Il y a donc un arbitrage à faire entre une crise sociale qui incite à subventionner les combustibles fossiles et une crise climatique, due à la subvention des sources polluantes d’énergie. Si les consommateurs étaient prêts à coopérer pour changer leurs comportements concernant l’utilisation des combustibles fossiles, ces deux crises pourraient aller vers une solution commune. Malgré des difficultés de court terme, cette crise semble être une opportunité dans la lutte contre le changement climatique du fait des incitations accrues pour les pays Européens à diversifier leur mix énergétique sur le moyen et long terme.

Le dernier rapport du GIEC propose la mise en place d’options d’adaptation efficaces, associées à des politiques publiques de soutien, qui peuvent réduire les risques climatiques.Les exportations de pétrole et de gaz n’ont pas encore été fortement affectées par les sanctions, mais la crise pourrait accélérer la transition mondiale vers des sources d’énergie plus vertes, à la condition que les effets potentiellement néfastes à court terme soient correctement mesurés et pris en compte dans les politiques des Etats. Le moment est donc opportun pour compléter les politiques de long terme par une action immédiate.

 

 

Références

Astier, N., Rajagopal, R., & Wolak, F. A. (2021). What Kinds of Distributed Generation Technologies Defer Network Expansions? Evidence from France (No. w28822). National Bureau of Economic Research.

Bachmann, R, D Baqaee, C Bayer, M Kuhn, A Löschel, B Moll, A Peichl, K Pittel and M Schularick (2022a), “What if? The Economic Effects for Germany of a Stop of Energy Imports from Russia”, ECONtribute Policy Brief 28/2022.

Bachmann, R, D Baqaee, C Bayer, M Kuhn, A Löschel, B Moll, A Peichl, K Pittel and M Schularick (2022b), “What if Germany is cut off from Russian energy?”, VoxEU.org, 25 March.

Chepeliev, M., Hertel, T. W., & van der Mensbrugghe, D. (2022). Cutting Russia’s fossil fuel exports: Short-term pain for long-term gain. Available at SSRN.

Dahl, C. 2012. “Measuring Global Gasoline and Diesel Elasticities.” Energy Policy, 41 (C): 2-13.

EA (International Energy Agency). 2022c. “A 10- Point Plan to Reduce the European Union’s Reliance on Russian Natural Gas.” International Energy Agency, Paris.

European Commission (2020), “Energy prices and costs in Europe, Part II: Energy Costs for the economy, households and industry”, Commission Staff Working Document, COM(2020) 951 final.

François Langot & Fabien Tripier, « Le coût d’un embargo sur les énergies russes pour les économies européennes », Observatoire Macro du CEPREMAP, n°2022-2, avril 2022

Le double jeu dangereux de l’industrie nucléaire française – Greenpeace France

IEA (2021), World Energy Model, IEA, Paris https://www.iea.org/reports/world-energy-model

IEA, Renewable power generation by technology, historic and in the Net Zero Scenario, 2000-2030, IEA, Paris https://www.iea.org/data-and-statistics/charts/renewable-power-generation-by-technology-historic-and-in-the-net-zero-scenario-2000-2030

Relations économiques France – Russie – RUSSIE | Direction générale du Trésor (economie.gouv.fr)

Russia’s war on Ukraine: A sanctions timeline | PIIE

Mansur, E. T., Mendelsohn, R., & Morrison, W. (2008). Climate change adaptation: A study of fuel choice and consumption in the US energy sector. Journal of Environmental Economics and Management55(2), 175-193.

McWilliams, B, G Sgaravatti, S Tagliapietra and G Zachmann (2022), “Can Europe manage if Russian oil and coal are cut off?”, Bruegel, 17 March.

Paillard, C. A. (2011). Défis énergétiques et enjeux stratégiques au XXIe siècle. Sécurité globale, (1), 49-60.

What sanctions are being imposed on Russia over Ukraine invasion? – BBC News

 


[1]A cette fin, le GIEC incite au développement de technologies d’émissions négatives telles que la capture et le stockage du carbone bioénergétique, la séquestration du carbone dans le sol, le (re)boisement et la construction ainsi que la restauration des zones humides.

[2]Le scenario des politiques en place ou annoncées (appelées STEPS) de l’AIE projette le niveau des émissions CO2 en prenant uniquementen compte les politiques spécifiques qui sont en place ou qui ont déjà été annoncées par les gouvernements.

[3]Le scenario de zéro émission nette de l’AIE correspond à zéro émission nette de CO2 provenant du secteur énergétique, afin de garder le réchauffement climatique à 1,5 dégrées (Accord de Paris).

[4]Voir Peterson Institute (PIIE) et Chad Bown (2022) pour plus d’informations sur les sanctions imposées :  Russia’s war on Ukraine: A sanctions timeline | PIIE

[5]Ce bouquet énergétique englobe toute l’énergie utilisées par les consommateurs et entreprises, y compris celle pour produire l’électricité, la consommation de carburant dans le secteur des transports et celle de gaz pour le chauffage.

[6]Toutefois, l’industrie nucléaire française dépend aussi de chaines d’approvisionnement en en combustible en particulier avec le Kazakhstan (Greenpeace). 

[7]Lire What is our war aim? (eurointelligence.com)pour plus de détails sur ce point.

[9]Mais l’opération n’est pas simple : d’importants travaux seraient nécessaires dans le port du Havre afin d’accueillir le mastodonte de 300 mètres de long. Parallèlement, la France entend booster la capacité de production des quatre autres terminaux méthaniers terrestres.

[11]Plus récemment, l’UE a annoncé la possibilité d’un arrêt d’importation de gaz provenant de la Russie.

[12]Les mesures suggérées : diversification des fournisseurs, introduction d’obligations minimales de stockage de gaz, accélération du déploiement de nouveaux projets éoliens et solaires, maximisation de la production d’électricité à partir de la bioénergie et nucléaire, accélérer les améliorations de l’efficacité énergétique dans les bâtiments et l’industrie ou redoubler d’efforts pour diversifier et décarboner les sources de flexibilité du système électrique.