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☆ ☆ Chocs de politique monétaire : approche narrative VS approche statistique, quelle différence ?

Nous avons proposé dans un précédent éclairage une définition du terme « choc de politique monétaire ». Les économistes emploient plusieurs méthodes pour repérer ces « chocs ». Nous nous attardons ici sur 2 méthodes : la méthode statistique et la méthode narrative.

 

La méthode statistique consiste à identifier les chocs à travers les résidus d’une régression où l’instrument monétaire est la variable expliquée et les variables à laquelle la banque centrale est censée répondre les variables explicatives. Des hypothèses fortes doivent donc être faites ici : l’instrument de la banque centrale est connu (le taux d’intérêt est généralement choisi) et les variables surveillées par la banque centrale le sont également (précisons que la plupart des études considèrent des variables réelles, ce qui s’inscrit dans le cadre dans lequel nous nous situons ici), de sorte à pouvoir estimer une équation (par ailleurs généralement appelée « fonction de réaction », ou encore « règle de Taylor »). Dès lors, toute l’information qui ne provient pas des variables réelles mais qui a un impact sur le taux d’intérêt se retrouve dans les résidus de l’équation en question. Si pour certains épisodes on se retrouve avec un résidu d’une taille relativement importante, on conclura alors à l’identification d’un « choc de politique monétaire », dans la mesure où la politique monétaire n’a pas suivi l’évolution des variables réelles (1).

 

La méthode narrative consiste elle à identifier les chocs à partir de données qualitative et quantitatives. La méthode la plus citée encore récemment est celle employée par Romer & Romer (voir le lien ici). Ces derniers identifient les chocs pour la politique monétaire de la FeD à partir des délibérations de cette dernière. Pour faire simple, si la banque centrale modifie sa politique monétaire sans prétendre répondre à des mouvements de variables réelles, on pourra parler alors de réaction purement exogène de la politique monétaire et donc de « choc de politique monétaire ».

 

L’approche la plus souvent employée dans les études économique est l’approche statistique. Une limite de la méthode statistique est qu’elle présuppose à la fois une stabilité des préférences de la banque centrale et à la fois une connaissance de la fonction de réaction de la banque centrale, ce qui, dans la réalité, s’est montré souvent difficile… 

 

 

(1) Nous simplifions les choses ici sur deux points. En réalité d’abord, d’autres hypothèses doivent être faites: le choc de politique monétaire n’affecte pas les variables réelles (PIB, inflation…) de manière contemporaine (dans un language plus complexe mais plus adapté pour les connaisseurs: on posera des restrictions via la décomposition de Choleski dans le SVAR estimé ici).

De même, nous présentons ici l’intuition relative à l’identification d’un choc, mais les études n’identifient pas les chocs a posteriori à proprement parler à travers ces régressions en général: elles utilisent les résultats pour simuler des chocs (plus dans un prochain éclairage). 

 

 

Julien P.