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Discussion sur les pressions inflationnistes (Policy Brief)

Le 13 décembre 2016, cinq économistes de BSI Economics (1 agence de notation, 2 banques, 1 banquier central, 1 société de gestion) se sont réunis pour discuter des pressions inflationnistes en 2017 et des risques associés sur l’économie mondiale.

 

 

Un regain d’inflation début 2017 qui s’atténuerait par la suite

Les pressions inflationnistes seront fortes début 2017, principalement en raison de la récente hausse du prix du baril qui se stabiliserait au-dessus de 55 dollars et d’un effet de base favorable par rapport à janvier 2016. Un consensus a été observé sur la baisse significative du risque de pressions déflationnistes sur l’économie et sur un rebond limité des économies au 1er trimestre 2017. A contrario, les débats sont restés animés au sujet de pressions inflationnistes suffisamment fortes pour permettre une accélération durable des prix dans l’ensemble des économies.

 

Un prix du baril de Brent moyen de 55$ en 2017

La récente hausse du prix du baril semble justifiée au vu des accords de l’OPEP du 30 novembre 2016 et des récentes déclarations de l’Arabie Saoudite et de la Russie au sujet d’une coordination plus forte pour réduire la production. Cette baisse de la production, sur des niveaux pourtant records, serait de nature à réduire les inventaires et favoriser un prix du baril oscillant entre 50 et 60 dollars en 2017. Les prix forward, qui anticipent actuellement un baril à 56 dollars au premier semestre 2017 puis 55 dollars en 2018-2019 seraient de nature à confirmer une corrélation positive entre le dollar et le prix du baril (corrélation habituellement négative). Pour autant, les économistes ont rappelé le pouvoir prédictif limité des prix forward, en particulier leur forte contribution aux erreurs de prévisions dans les modèles projetant l’inflation.

 

Etats-Unis : des pressions inflationnistes aux effets modérés sur l’activité

Aux Etats-Unis, une hausse de 25 points de base est attendue ce mercredi 14 décembre. L’inflation resterait sous les 2% en 2017. La tendance haussière serait favorisée par de fortes créations d’emploi qui signalerait un renforcement prochain de la hausse des salaires. Mais elle serait en partie compensée par l’appréciation du dollar américain qui réduirait les pressions inflationnistes sur la composante importation et atténuerait la contribution positive d’un prix du baril plus élevé en réduisant la dynamique des exportations et en resserrant les conditions financières de manière involontaire. Globalement, et comme signalé dans le dernier Beige Book, les récentes hausses de prix ne freineraient que faiblement l’activité. Un discours prudent de la FED sur les prochaines hausses des taux est ainsi attendu ce soir.

 

Zone Euro : 0.5 point d’inflation supplémentaire attendu

En zone euro, une hausse du prix du baril de 10 euros impliquerait un gain annuel sur l’indice des prix de 0.5 point dont 0.35 point d’effet direct par la composante produits pétroliers et 0.15 point d’effet indirect par les composantes transports et loyer notamment. Les prix alimentaires resteraient modérés et la boucle prix salaire relativement atone confirmant une faible dynamique salariale dont la valorisation en 2017 serait essentiellement soutenue par des revenus variables plus importants. La revalorisation du salaire minimum resterait trop limitée pour avoir un impact significatif sur la tendance globale des prix. En revanche, la hausse des prix en glissement annuel sur les produits manufacturiers pourraient profiter d’une hausse du prix des biens importés en raison de la dépréciation de l’euro, un effet sur l’ensemble de l’année 2017 et qui devrait s’estomper en 2018. Enfin au Royaume-Uni, l’inflation s’est nettement redressée, passant de 0.4% en juin 2016 à 1.2% en glissement annuel en novembre, confirmant les effets de la dépréciation de la livre sterling sur les prix à l’importation. Néanmoins, la Banque d’Angleterre devrait maintenir son statu quo ce jeudi 15 décembre 2016 étant donné que les effets du Brexit restent encore peu visibles sur l’activité.

 

Chine : une tendance des prix haussières mais un ralentissement de l’activité probable en 2017

Dans les pays émergents, les pressions inflationnistes sur les prix à la production en Chine se sont renforcées avec +3.3% observés en novembre en glissement annuel contre 1.2% en octobre. Cette évolution est favorable puisque la croissance des PPI se reflète sur les indices des prix à la consommation à un horizon de 12 à 18 mois. Au Brésil, les pressions inflationnistes s’atténuent avec 7% observés, un niveau proche de la borne haute de la cible tolérée par la Banque Centrale (6.5%). Plusieurs baisses des taux directeur seraient attendues en 2017. Enfin, en Russie, la récente appréciation du baril favoriserait l’activité et contribuerait à l’appréciation du rouble avec une modération des prix à l’import qui serait favorable pour l’activité.