Prix Nobel 2013: L’analyse empirique des prix des actifs récompensée (Fama, Hansen, Shiller)
Le prix Nobel 2013 a été attribué à deux économistes de l’Université de Chicaco, Eugène Fama et Lars Peter Hansen, ainsi qu’à Robert J. Shiller de l’Université de Yale, pour leurs contributions sur « l’analyse empirique des prix des actifs ». Leurs travaux ont principalement tenté d’expliquer la formation des prix sur les marchés financiers en montrant notamment que les modèles de prévision des prix des actifs financiers à court terme proposaient des résultats non significatifs.
Le modèle d’efficience des marchés est né d’une hypothèse émise par Eugène Fama dans « Efficient Capital Markets, a Review of Theory and Empirical Work », dans le « Journal of Finance » de 1970. Selon cette théorie, toute l’information disponible est reflétée dans le prix de l’actif, qui est la somme actualisée des cash flows attendus. Dès lors, Fama indique que l’efficience suppose une grande atomicité des acteurs, qui réagissent correctement et quasi immédiatement aux informations, sans spéculation possible. Eugène Fama établit trois formes d’efficience :
– L’efficience est faible lorsque l’information disponible sur les marchés est uniquement l’historique des prix ;
– l’efficience semi forte se base sur l’information publique provenant d’une entreprise émettrice (rapport annuel, communiqué, distribution d’actions gratuites, articles de presse, annonce de bénéfices…).
– L’efficience est forte lorsque même l’information privée est prise en compte dans les actions des agents
Ce modèle a permis notamment l’établissement du modèle d’évaluation des actifs financiers (MEDAF). Il a été par la suite remis en cause par la finance comportementale et par plusieurs économistes, dont Grossman et Stiglitz qui montrent que l’acquisition de l’information implique un coût qui n’existerait pas si elle était simplement possible en observant les prix des actifs.
Robert Shiller a en partie remis en cause certaines des conclusions de Fama. En effet, sa célèbre contribution « Do Stock Prices Move Too Much to be Justified by Subsequent Changes in Dividends ? » (NBER) révèle la présence sur les marchés d’une volatilité des cours supérieure à celle qui aurait été observée uniquement par des modifications d’anticipations de dividendes et par les valeurs fondamentales.
Enfin, Lars Peter Hansen a contribué à l’introduction des méthodes économétriques de moments généralisés dans les modèles d’équilibre des actifs financiers (MEDAF). Ses travaux ont permis de tester empiriquement des modèles introduisant notamment le comportement des consommateurs (CCAPM – Consumption Capital Asset Pricing) pour justifier que les modèles de prévisions des prix des actifs financiers à court terme proposaient des résultats non significatifs.
N.P. et A.J.