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☆ On qualifie souvent les banquiers centraux de « Hawk » (faucon) ou « Dove » (colombe), de quoi parle-t-on ?

Ben Bernanke, l’ancien président de la FeD, était réputé plus « dove » que « hawk ». Janet Yellen, sa successeuse, est elle aussi également réputée plutôt « dove ». De quoi parle-t-on ?

 

 

Commençons par le début. « dove » est le mot anglais signifiant « colombe », alors que « hawk » signifie « faucon ». La colombe est symbole de paix et de pacifisme. Le faucon, lui, est réputé pour ses qualités de prédateur et son image est souvent prêtée aux acteurs bellicistes. D’un côté le pacifisme donc, et de l’autre le désir de guerre. Qu’est-ce que cela a à voir avec une banque centrale ?

 

Une banque centrale s’occupe de la politique monétaire. La politique monétaire, c’est avant tout la stabilité des prix. Seule la banque centrale est capable d’assurer la stabilité des prix à long terme. Mais la banque centrale peut aussi, à travers sa politique monétaire, soutenir l’économie, en parallèle de la politique budgétaire menée par le gouvernement. Si la banque centrale décide de soutenir l’économie, elle le fera en rendant sa politique monétaire plus accommodante (c’est-à-dire en baissant les taux d’intérêt). Ce qui se traduira également par de l’inflation à plus long terme. En temps normal, il y a donc un arbitrage entre inflation et croissance économique[1].

Dans ce cadre, on parlera de « hawk » (faucon) pour désigner un banquier central qui se montrera exclusivement préoccupé par la stabilité des prix, voyant la croissance économique comme l’affaire de l’Etat via sa politique budgétaire. Un « dove » (colombe) se montrera au contraire plus conciliant en adoptant des positions de « consensus » dans le dilemme inflation/croissance, débouchant sur des politiques synonymes de plus d’inflation mais plus de croissance également.

Un « hawk » aura donc tendance à voter contre des décisions susceptibles d’amener plus d’inflation. Il sera davantage en faveur de taux d’intérêt élevés par rapport à un « dove ». Le « dove » lui sera plus conciliant, se montrant plus enclin à diminuer les taux d’intérêts et prendre des mesures d’assouplissement. Le « dove » considérera donc l’inflation plus supportable pour la société que ne le considérera un « hawk ». On pourrait résumer simplement ainsi: plus il y a de « hawk » dans le comité de politique monétaire, plus on a de chance de voir des taux d’intérêts hauts, plus il y a de « dove » plus on a de chance de voir des taux bas.

 

L’actuelle présidente de la FeD Janet Yellen est réputée pour être un « dove ». Un exemple typique de « hawk » est le patron de la Bundesbank Jens Weidmann, qui tient très souvent des discours prônant une séparation très stricte de la politique monétaire avec la politique budgétaire. Un autre allemand, Jurgen Stark, ancien membre du directoire de la BCE, était réputé pour ces positions très « hawkish ». Ce dernier avait démissionné en septembre 2011 suite au lancement du programme de rachat d’obligations publiques qu’avait lancé la BCE à l’époque, et auquel il s’opposait sévèrement… Au vu des derniers débats sur le lancement d’un programme de quantitative easing par la BCE, on n’a certainement pas fini d’entendre parler de l’opposition entre « hawk » et « dove » dans l’actualité.

 

 

 

Julien Pinter

Twitter: kissJulienPinter_BSIeco

 

 

Notes

[1] Nous passons ici le débat sur le court terme, à savoir le débat sur l’horizontalité ou non de la Courbe de Philipps à court terme. Notre analyse ne se veut pas exhaustive, elle a comme seul but de donner une idée générale de comment les choses peuvent s’expliquer

 

Liens associés:

« La démission de Jurgen Stark, un mauvais coup pour l’euro ? » Courrier International (Die Welt)

« Are you a dove or a hawk ? The FeD’s Dovish Tilt » Bloomberg