Le 15 novembre 2016, quatre économistes de BSI Economics (1 agence de notation, 1 banque, 1 banquier central, 1 académique) se sont réunis pour discuter des prochaines annonces des banques centrales et des conditions d’activité aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en zone euro.
La hausse des taux Fed Fund pourrait avoir un faible impact sur les marchés le 14 décembre 2016
Une hausse des taux Fed Fund de 25 points de base est attendue. S.Fisher, vice-président du conseil de la Fed, a récemment mentionné l’excellente année sur le marché du travail et laissé entendre qu’une hausse était probable très prochainement. Celle-ci serait déjà intégrée dans les prix des marchés financiers, ce qui est observé notamment par un durcissement des conditions financières sur la base de réformes sur le marché monétaire américain et des attentes de hausse du taux directeur en décembre. Les perspectives de hausse des taux pour 2017 ont été débattues. Deux hausses sont attendues l’année prochaine en raison : (1) de la volonté de poursuivre la normalisation des taux par la Fed, (2) de l’élection de D. Trump qui, lors de sa campagne, a promis davantage de dépenses publiques et moins de pression fiscale, ce qui se traduirait par plus d’activité et d’inflation à court terme. En marge de ces discussions, deux autres sujets ont été discutés : (1) le risque d’instabilité financière en cas d’annulation de l’acte Dodd/Frank de 2010, dont l’annulation a été promise par D. Trump ; (2) la relation entre le dollar américain, qui s’apprécie actuellement, et la dégradation anticipée du déficit public en cas de forte accélération des dépenses fédérales pour notamment financer les programmes d’infrastructures.
Plus d’actions de la Banque Centrale Européenne attendues le 8 décembre 2016
Concernant la Banque Centrale Européenne, les spécialistes considèrent qu’un (assouplissement) rallongement de 6 mois du programme d’assouplissement quantitatif est probable avec des rachats mensuels toujours attendus à 80 milliards d’euros. Ce, pour satisfaire les attentes des investisseurs par un effet signal positif de la politique monétaire européenne. Les propos de B. Coeuré concernant la faiblesse de l’inflation sous-jacente en zone euro, et les annonces de P. Praet pour une politique monétaire accommodante afin d’atteindre la cible d’inflation de 2% en glissement annuel vont dans le sens de ces attentes. La baisse du taux de dépôt est une possibilité évoquée, dont l’utilité serait notamment de favoriser une dépréciation de l’euro. Cependant, 3 facteurs rendent ce mouvement peu probable: (1) l’attente d’une hausse des taux Fed Fund d’une part, hausse qui augmenterait le différentiel de taux entre la zone euro et les Etats-Unis et rendrait par là une baisse du taux de dépôt moins nécessaire ; (2) les craintes récemment soulignées par de nombreux membres de la BCE concernant les dangers des taux bas pour le système financier ; (3) l’appréciation du dollar américain contre toutes les devises notamment l’euro ce qui rend moins nécessaire une baisse du taux de dépôt pour déprécier l’euro.
Les paramètres du programme quantitatif et qualitatif ont également été discutés. L’hypothèse d’une politique ciblée de niveau de rendement sur le segment des obligations souveraines a été évoquée mais l’attention a principalement porté sur la révision de la répartition théorique des achats mensuels par pays membres. L’hypothèse de plus de rachat de dette périphérique, au-delà de leur contribution à l’activité en zone euro, reste discutée.
Des nouvelles prévisions économiques de la BCE jusqu’en 2019 et un prix du baril de brent à 60 dollars
L’ensemble des nouvelles mesures prises par la BCE seront conditionnées aux nouvelles prévisions économiques avec deux nouveaux éléments : (1) des prévisions pour 2019 qui permettront de vérifier si l’écart de production pourrait se réduire suffisamment pour atteindre la cible de hausse des prix annuelle de 2%, (2) une inflation plus élevée sur la base de futures du prix du Brent révisés en hausse en cas d’accord de l’OPEP entre les 25 et 30 novembre 2016. Sur ce dernier point, certains spécialistes se sont montrés optimistes sur une hausse du prix du Brent fin 2016 vers les 60 dollars. Le surplus de production pourrait être compensé par un accord pour plafonner la production et la réduire de 750 000 à 1 millions de barils par jour.
Une Banque d’Angleterre plus tolérante sur l’inflation
Les chiffres sur l’activité britannique suite au Brexit restent positifs mais une dégradation est attendue. La Banque d’Angleterre a perdu en crédibilité en révisant sa forward guidance évoquée en août – une baisse des taux supplémentaire d’ici la fin d’année. L’arbitrage entre stabilisation de l’activité et inflation à 2% devrait favoriser la première, amenant la BoE à tolérer plus d’inflation, tout en restant prudente sur ses prévisions économiques en raison d’une faible visibilité sur les impacts réels du référendum du 23 juin 2016 et d’un risque de sous-estimé l’impact de la dépréciation de la livre sterling sur l’inflation importée.